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Deltalys : de la conformité réglementaire à l'engagement volontaire

Deltalys est une jeune entreprise proposant une solution innovante de filtration des biogaz, une activité prometteuse qui porte forcément son lot de risques professionnels. Fanny Bianca-Mansuy, responsable QHSE, fait grandir la démarche de santé et sécurité en parallèle de la croissance de l'entreprise. Tout cela avec le concours d'AST Grand Lyon.

Saint-Fons, vallée de la chimie. Quelque part dans l'immensité d'un site industriel, un hangar discret est animé par les va-et-vient d'engins de manutention. Le visage couvert d'un masque filtrant, munis de la panoplie complète des équipements de protection, les conducteurs plongent leur godet dans une matière sombre et granuleuse. D'elle, on apprendra seulement qu'elle est issue de l'économie circulaire locale. Pour ce qui est de sa composition, on repassera ; le secret de fabrication est bien gardé. Il le restera.

Sa finalité, elle, est claire : chargée avec précision dans des bennes métalliques transformées par quelques prouesses d'ingénierie en systèmes de filtration, elle contribue à la filtration du biogaz.« Nos clients sont principalement des exploitants de centres d'enfouissement de déchets, détaille Fanny Bianca-Mansuy, responsable qualité hygiène sécurité environnement (QHSE) de Deltalys. Enterrés sans oxygène, les déchets fermentent et dégagent un biogaz composé pour l'essentiel de méthane - c'est celui qui est convoité - mais aussi de CO2 et de polluants tels que le sulfure d'hydrogène (H2S). Ce qui intéresse nos clients, autant pour des raisons techniques que réglementaires, c'est de dépolluer (filtrer) le biogaz avant son passage dans les moteurs ou turbines installées sur site afin de générer électricité ou chaleur. Le biogaz peut aussi être épuré -c'est-à-dire qu'on retire le CO2- afin de commercialiser ce qui constitue alors le biométhane, pour qu'il soit ensuite injecté dans le réseau de gaz de ville ».Sur le terrain, Deltalys expédie ses cuves filtrantes chez ses clients, où elles sont connectées sur le circuit de traitement du biogaz pour le délester de ses composants soufrés. Une fois le media de filtration saturé, un camion vient lui substituer un nouveau filtre propre.

Fanny Bianca-Mansuy, responsable qualité hygiène sécurité environnement (QHSE) de Deltalys

Remise à niveau réglementaire

Dans un contexte de transition énergétique doublé de tensions sur les approvisionnements en gaz, la production de biogaz prend tout son sens. Annoncé comme plus vertueux et plus compétitif que les filtres au charbon actif (principalement produit en Asie), le procédé de Deltalys tape naturellement dans l'œil des géants du marché de la gestion des déchets et producteurs de biogaz, tels que Suez et Veolia.

Mais aussi vertueuse se veut elle sur le plan environnemental, l'activité de Deltalys n'est évidemment pas exempte de risques professionnels. Ceux-ci sont visibles dès les premiers pas faits en lisière des lignes de production : particules en suspension, circulation d'engins de manutention et bruit, pour ne citer que les principaux. Tout cela dans une jeune entreprise, dont la démarche en santé et sécurité progresse en parallèle de ses moyens, de sa croissance exponentielle et de l'augmentation de ses effectifs, passés de deux à trente-quatre depuis sa création en 2014.

Fanny Bianca-Mansuy le reconnaît d'ailleurs aisément : lorsqu'elle a pris les commandes de la prévention des risques chez Deltalys il y a deux ans, la tâche était conséquente.« J'ai commencé par les fondamentaux, avec une remise à niveau réglementaire, explique-t-elle. Le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) existant avait été réalisé par un cabinet qui ne connaissait pas suffisamment le secteur. J'ai donc assez rapidement assisté au webinaire sur le DUERP proposé par l'AST Grand Lyon et j'ai croisé la trame de document unique transmise à cette occasion avec mon propre modèle, que je manipulais depuis des années ».Le DUERP réalisé, Fanny Bianca-Mansuy a poursuivi son chemin vers la conformité réglementaire par la formation des salariés, la délivrance des habilitations électriques et des autorisations conduite, la révision des déclarations en suivi individuel renforcé des salariés et, en conséquence, des besoins prioritaires en visites médicales.

Exposition aux poussières : l'enjeu prioritaire

Pour ne pas grimper seule la marche suivante, celle qui fait passer des clous de la réglementation à l'ambition volontaire en santé et sécurité au travail, elle a de toute évidence pioché opportunément - et à raison - dans l'offre de services d'AST Grand Lyon. Remontant la chronologie de ses nombreuses interactions avec son service de santé, elle se souvient :« J'ai ensuite participé à votre Rendez-vous de la prévention sur l'analyse des accidents de travail, duquel j'ai tiré une trame d'arbre des causes très utile pour la formation de nos salariés ».

En 2022, elle se décide à planter les dents dans ce qui est le plus gros morceau parmi les risques identifiés. Celui qui saute aux yeux, et potentiellement aux voies respiratoires : le risque chimique lié aux poussières en suspension dans l'air.« Comme les matières composant les formulations sont principalement des sous-produits, nous n'avions pas une vision précise de tous ses composés et souhaitions donc la faire analyser par un cabinet spécialisé. Mais je n'étais pas vraiment au fait de la réglementation, de ce qu'il fallait demander dans le cahier des charges, quelles étaient les substances prioritaires à chercher ou les valeurs limites d'exposition contraignantes »Aussi a-t-elle décidé de continuer à amortir la cotisation versée par son employeur à AST Grand Lyon, en mobilisant à nouveau ses expertises. Si dans son souvenir le temps de traitement de sa sollicitation a été« assez long », elle a finalement reçu une réponse proportionnellement consistante avec la visite conjointe du Dr Marchand (médecin du travail), de Pascal Rouge (expert en risques chimiques) et de Stéphanie Tessa (conseillère en prévention).« Ça a vraiment été très intéressant,»juge-t-elle ;« les échanges et l'accompagnement m'ont permis de progresser sur le sujet »Et surtout d'aboutir in fine à la formalisation de son cahier des charges pour la commande d'un rapport d'expertise.

Un rapport qu'elle a consciencieusement transmis à AST Grand Lyon pour le confronter au regard de ses experts.« Le document précise que les valeurs d'exposition constatées sont très en dessous des valeurs limites sur huit heures fixées par la réglementation », se satisfait-elle. « Mais j'ai néanmoins demandé à M. Rouge une validation des conclusions du rapport, car il a la connaissance de ce que fait réellement un produit sur l'humain. Lire des valeurs d'exposition, c'est une chose, mais quel est le risque à long terme ? Et un produit qui est aujourd'hui classé avec une valeur limite haute, on ne sait pas ce qu'il va devenir demain ».Verdict ?« Deltalys dispose d'un bon niveau d'information sur les expositions aux risques chimiques et leurs stratégies de suivi et de protection sont adaptées », avance Pascal Rouge.

Risque par risque, une démarche de prévention continue

Cette approche rigoureuse des impacts connus - ou potentiels - du travail sur la santé, combiné à l'engagement de l'entreprise en faveur de la santé de ses salariés, a amené Fanny Bianca-Mansuy à plonger toujours plus en profondeur dans l'offre de services d'AST Grand Lyon. Le sujet prioritaire des poussières étant bien engagé, elle se penche sur d'autres axes de prévention. Elle a notamment participé, fin 2022, au cycle de trois webinaires dédiés à l'évaluation et à la maîtrise du risque chimique.« C'était utile car même si nous en avons peu, nous manipulons des produits de maintenance, des graisses, des colles et autres produits porteurs de pictogrammes de sécurité. On s'est dit : Les plus nocifs doivent être substitués… ».Avant cela, et bien que n'ayant attendu personne pour équiper une partie du personnel de bouchons moulés, elle s'était rendue à l'action sur le bruit organisé en octobre par l'AST dans le cadre de la semaine de la santé auditive au travail. Elle y avait décroché des contacts, des conseils pour mener une campagne de mesurage par exposimètre et des propositions d'accompagnement et de sensibilisation au risque bruit pour les salariés.

Si elle lorgne déjà du coin de l'œil sur les prochains webinaires AST dédiés aux troubles musculosquelettiques, elle ne fera en revanche pas appel à son service de santé au travail pour bien d'autres sujets de sécurité dans laquelle elle est passée experte, grâce à son expérience dans le secteur logistique. C'est finalement ainsi que s'exprime la relation entre les référents QHSE intégrés dans l'entreprise et les professionnels du service de santé, référents sur des sujets particuliers : dans la complémentarité des expertises de chacun, le tout porté par le vent favorable de la volonté d'un dirigeant désireux de respecter ses valeurs. Charly Germain, le président fondateur de Deltalys a en effet choisi pour devise de son entreprise« Œuvrer pour une société plus respectueuse des hommes et de l'environnement ».On ne pourra pas dire que les paroles ne sont pas suivies d'actes.